25 ans, c'est assez

25 ans, c'est assez

English version follows the French.

(24-04-2025)

Chaque jour, partout au Québec, des paramédics commencent leur quart de travail. Ils le font avec professionnalisme, avec cœur, mais de plus en plus souvent — avec le corps usé et l’âme fatiguée.

On a longtemps entretenu une image romantique du profession de paramédic. Celle d’un sauveteur qui surgit dans la nuit, qui ramène un cœur à la vie, qui fonce à travers la tempête. Mais cette image ne reflète plus la réalité.

La réalité, c’est douze heures de travail sans pause réelle. C’est une succession d’appels où la misère humaine se manifeste sous toutes ses formes : solitude, détresse mentale, vieillissement sans soutien, pauvreté déguisée en douleur physique.

Les paramédics, ce ne sont pas seulement des cliniciens de la rue. Ce sont aussi, bien malgré eux, les témoins directs des failles de notre société. Ils interviennent là où le filet social a cédé. Ils soutiennent des patients qui ne relèvent plus du réseau de santé, mais qui n’ont personne d’autre à appeler.

Ce ne sont pas les risques physiques ponctuels qui les brisent — c’est l’érosion lente. L’accumulation de douleurs chroniques, de nuits écourtées, de scènes impossibles à oublier. Le stress post-traumatique n’est pas rare. L’épuisement est constant. La lassitude s’installe.

Et pourtant, au Québec, on continue de leur demander de rester en poste pendant 35, parfois 40 ans. Sans régime de retraite adapté. Sans reconnaissance formelle du caractère exceptionnellement exigeant de leur métier.

D’autres corps d’urgence ont déjà ce droit : les policiers, les pompiers, les agents correctionnels. Ils peuvent partir après 25 ans de service, avec une retraite complète. Parce qu’on reconnaît que leur travail est dur. Parce qu’on accepte qu’il y a un coût humain à donner sa vie au service des autres.

Pourquoi pas les paramédics?

Qu’attend-on pour leur offrir cette même possibilité de quitter avec dignité, pendant qu’ils sont encore en mesure de vivre une retraite active et en santé?

Qu’attend-on pour reconnaître, noir sur blanc, qu’une carrière en soins préhospitaliers ne peut pas être une course d’endurance interminable?

Les paramédics du Québec ont donné leurs meilleures années à ce système. Ils ont tenu debout pendant que tout autour d’eux menaçait de s’effondrer. Ils méritent mieux que de finir sur la touche, cassés, oubliés.

Il est temps de corriger cette injustice. Il est temps de permettre à celles et ceux qui nous ont portés de poser enfin leur équipements, et de partir – la tête haute — après 25 ans de service.

Ce n’est pas un cadeau. C’est un minimum.


25 Years Is Enough

Every day across Quebec, paramedics begin their shifts. They do it with professionalism, with heart — but more and more often, with worn-out bodies and tired souls.

For a long time, we clung to a romantic image of paramedics: heroic rescuers racing through the night, restarting hearts, braving storms. But that image no longer reflects reality.

Their reality is 12-hour shifts without real breaks. It's call after call dealing with every form of human suffering — loneliness, mental health crises, aging without support, poverty masked as physical pain.

Paramedics aren’t just street-level clinicians. They're also, whether they want to be or not, frontline witnesses to the cracks in our society. They show up where the social safety net has failed. They care for people who no longer fall under the health system's scope — people who simply have no one else to call.

It’s not the occasional physical danger that breaks them — it’s the slow erosion. The build-up of chronic pain, the sleepless nights, the scenes that don’t fade. PTSD isn’t uncommon. Exhaustion is constant. Fatigue sets in.

And yet in Quebec, we continue to ask them to stay on the job for 35, even 40 years. With no adapted retirement plan. With no formal recognition of the extraordinarily demanding nature of their work.

Other frontline professions already have this right — police officers, firefighters, correctional officers. They can retire with full benefits after 25 years. Because we acknowledge that their jobs are hard. Because we accept there’s a human cost to devoting your life to serving others.

Why not paramedics?

What are we waiting for to offer them the same opportunity — to step away with dignity while they’re still healthy enough to enjoy retirement? What are we waiting for to acknowledge, clearly and officially, that a career in prehospital care cannot be an endless endurance race?

Paramedics in Quebec have given their best years to this system. They’ve held the line while everything around them threatened to collapse. They deserve better than to be left behind, broken and forgotten.

It’s time to fix this injustice. It’s time to let those who carried us for so long finally set down their gear and walk away — with their heads held high — after 25 years of service.

This isn’t a gift. It’s the bare minimum.