Camouflage

Camouflage

Quand tu vois des paramédics en pantalons de camouflage, à quoi tu penses?

Certaines personnes voient un uniforme. D'autres croient que c’est juste un choix de style. La plupart n’ont aucune idée qu’il s’agit d’une forme de protestation silencieuse — une façon de dire « ça ne va pas » sans abandonner les patients.

La réalité, c’est que les paramédics du Québec n’ont pas eu une convention collective stable depuis des années. Chaque fois que tu vois un pantalon de camouflage ou un autocollant sur une ambulance, c’est un signe que quelque chose ne tourne pas rond.

Salaires trop bas. Conditions trop dures. Quarts de travail trop longs. Compétences mal utilisées.

Mais à force d’utiliser les mêmes moyens, la protestation est devenue invisible. Les paramédics du Québec protestent depuis longtemps de façon symbolique — pantalons de camouflage, chandails syndicaux, collants sur les véhicules.

Ces tactiques sont nées d’une nécessité : respecter les lois sur les services essentiels tout en gardant la confiance du public.

Avec le temps, ces symboles sont devenus si courants qu’ils ont perdu leur mordant. En langage marketing, ils ne « percent » plus.

Quelques problèmes avec ces tactiques répétées :

Normalisation : Le public est habitué aux pantalons de camo et t-shirts — ils ne signalent plus l’urgence ni la protestation.

Ambiguïté : Bien des gens ignorent la signification des pantalons ou des chandails — ils ne savent pas que c’est un acte de protestation. Il manque un contexte explicatif.

Fatigue visuelle : Les slogans et affiches sur les ambulances sont perçus comme du bruit de fond, ou carrément ignorés comme du « bruit syndical ».

Vide narratif : Sans récit, sans implication des médias, sans message cohérent, ces signes visibles perdent leur sens.

Quand une protestation devient invisible, ce n’est plus une protestation — ça devient juste un élément du décor.Et c’est exactement ce sur quoi le gouvernement compte.


Ce n’est pas exagéré de penser que le gouvernement du Québec tolèrent volontairement la longueur des négociations. Voici pourquoi :

Pas de tollé public = aucun coût politique.

Protestation prévisible = protestation ignorée.

Quand les tactiques sont toujours les mêmes, le gouvernement peut simplement attendre que ça passe — surtout en sachant que les paramédics ne feront pas de grève totale à cause des lois sur les services essentiels.

C’est encore plus vrai dans une province où le public pense encore qu’« une ambulance va finir par arriver », sans réaliser l’instabilité chronique qui mine les coulisses du système.S’il n’y a pas de scandale médiatique, pas d’indignation virale, pas de campagne d’empathie bien orchestrée — alors il n’y a aucune raison politique ou sociale d’agir.


Alors voici la vraie question qu’on devrait tous se poser :

Pourquoi les Québécois se font-ils refuser un système de soins préhospitaliers digne des meilleurs au monde?

Pourquoi est-ce qu’on accuse un retard par rapport aux autres provinces en matière d’innovation, d’autonomie et de soins cliniques?

Pourquoi continue-t-on à faire semblant que notre système est « correct » alors que les délais de réponse augmentent, les délais de transfert à l’hôpital s’allongent, et que les paramédics quittent le métier?

Partagez ce message. Parlez à votre député.

Et exigez que les paramédics du Québec puissent vous soigner comme ils ont été formés pour le faire — tout en recevant un salaire à la hauteur des responsabilités immenses qu’ils portent, jour après jour, appel après appel.

Vous méritez mieux.

Les personnes qui répondent à vos appels au 9-1-1 aussi.

Arrêtons de se contenter de moins.