Collateral damage
English version follows the French.
(06-12-2024)
Attention : Cette histoire peut être un élément déclencheur du TSPT. / Warning : This story can be a trigger for PTSD.
9-8-8 Ligne d'aide en cas de crise de suicide.
9-8-8 Suicide Crisis Helpline
Nous avons reçu la nouvelle juste avant de commencer un autre quart de jour. Nous avons pleuré comme des enfants. Je me souviens m’être assis sur le pare-chocs arrière de mon unité avec Blake Camp, essayant de comprendre ce qui venait de se passer.
Tous les véhicules dans le garage avaient leurs gyrophares allumés, et les équipages faisaient hurler les sirènes dans une cacophonie désespérée en quittant la caserne. C’était l’un des débuts de quart les plus éprouvants de ma carrière. Patrick Walsh avait été retrouvé mort. Il s’était enlevé la vie après s’être assuré de s’éloigner suffisamment de notre territoire pour éviter que ce soit l’un d’entre nous qui réponde à l’appel.
Sa mort n’aurait probablement pas dû nous surprendre.
Il avait subi des blessures émotionnelles profondes et irréparables lors du massacre de l’École Polytechnique à Montréal, le 6 décembre 1989. Patrick était étudiant lorsque Marc Lépine a séparé les hommes des femmes avant de mener un carnage de 45 minutes, tuant 14 jeunes femmes, en blessant 10 autres et quatre hommes, avant de tourner l’arme contre lui-même.
Patrick avait prodigué les premiers soins aux blessés en plein milieu de cette scène d’horreur sanglante. On peut le voir sur plusieurs photos prises par des journalistes cette nuit atroce.
Et puis il est rentré chez lui, fourrant tout son stress traumatique et sa culpabilité de survivant dans un sac émotionnel qu’il a enfoui dans un placard mental.
Il s’est plongé corps et âme dans son travail de paramédic. C’était un excellent paramédic. Il avait une sérénité presque surnaturelle, même dans les scènes les plus chaotiques. Il avait le don de se connecter avec les patients et leurs familles. Il tenait les mains, écoutait attentivement.
Il était empathique sur la route et au garage. Patrick jouait le rôle de médiateur discret dans les tensions qui éclataient parfois entre les paramédics et la gestion. Il était facile à approcher et avait un esprit brillant.
Je me souviens qu’il disait que les nuits étaient les plus dures pour lui, avec le silence relatif de la ville et l’obscurité oppressante.
Patrick continuait lentement à mourir de l’intérieur – incapable de faire face au fait de continuer à vivre et à poursuivre ses rêves alors que tant de ses camarades de classe étaient morts.
Finalement, la tristesse l’a submergé, même s’il faisait de son mieux pour la cacher. Aucun d’entre nous n’avait la moindre idée qu’il planifiait son départ prématuré de ce monde.
Trois ans après le massacre de Montréal, Patrick Walsh s’est suicidé. Il avait une vingtaine d’années. C’était juste un gamin.
Un dommage collatéral.
Il me manque encore. Repose en paix, mon frère.
Attention : Cette histoire peut être un élément déclencheur du TSPT. / Warning : This story can be a trigger for PTSD.
9-8-8 Ligne d'aide en cas de crise de suicide.
9-8-8 Suicide Crisis Helpline
Collateral damage
We got the news just before the start of another day shift. We cried like babies. I remember sitting on the back bumper of my rig with Blake Camp and trying to make sense of it all.
Every rig in the garage had their emergency flashers on and crews were sounding the sirens in a wailing cacaphony of pure despair as they hit the streets. It was one of the most rugged starts to any shift in the course of my career. Patrick Walsh had been found dead. He took his own life after ensuring he was far enough out of our territory that it wouldn’t be any of us who responded to the call.
His death probably shouldn’t have come as a surprise.
He had suffered life-threatening emotional wounds during the massacre at Ecole Polytechnique in Montreal on December 6, 1989. Patrick was a student when Marc Lepine separated the men from the women and went on a 45-minute rampage killing 14 young women, wounding 10 others and four men – and then turned the gun on himself.
Patrick provided first aid to the wounded in the midst of that bloody scene from hell. You can see him in several of the photographs taken by journalists that awful night.
And then he went home and stuffed all of his traumatic stress and survivor guilt into an emotional duffle bag and shoved it into a mental closet.
He immersed himself in his work as a medic. He was a great medic. There was an otherworldly calm to him even during the most chaotic scenes. He had the gift of being able to connect with patients and their families. He held hands and he listened attentively.
He was empathetic on the road and in the garage. Patrick was a quiet mediator of the tensions that arose between the medics and the managers. He was easy to talk to and had a brilliant mind.
I remember him saying that nights were the hardest for him with the relative silence of the city and the all-encompassing darkness.
Patrick continued the process of slowly dying from within – unable to cope with carrying on with his life and pursuing his dreams while so many of his classmates had died.
Eventually the sadness overwhelmed him although he did his best to hide it from the rest of us. None of us had an inkling he was plotting a premature exit from this world.
Three years after the Montreal Massacre, Patrick Walsh committed suicide. He was in his early twenties. He was just a kid.
Collateral damage.
I still miss him. Rest in peace, brother.
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