Des civières à tout prix?

(22-04-2025)
The English version follows the French.
Chaque jour au Québec, des paramédics expérimentés passent des heures à transporter à l’urgence des patients stables, sur une civière. Pas parce qu’ils sont en détresse. Mais simplement parce que le système ne prévoit aucune autre option.
Notre modèle repose encore sur une vision dépassée : si un patient doit aller à l’hôpital, il doit y aller couché, dans une ambulance, accompagné de deux paramédics. Peu importe s’il est parfaitement capable de marcher, de s’asseoir, ou s’il ne présente aucun signe d’instabilité.
Résultat : on mobilise des équipes des paramédics pour des cas mineurs, pendant que d’autres — des patients réellement instables — doivent attendre qu’une ambulance se libère. Il faut sortir de cette logique.
Une inspiration venue de Londres
À Londres, le service ambulancier a mis en place une solution simple: le Non-Emergency Transport Service (NETS). Ce service utilise des véhicules adaptés, sans ou avec civière, pour transporter des patients stables, en position assise, vers les hôpitaux ou les cliniques. Les ambulances traditionnelles sont ainsi réservées aux vraies urgences.
Ce modèle réduit la pression sur le système, améliore l’accès aux soins et permet aux paramédics de se concentrer sur les appels où leur expertise fait vraiment une différence. Et surtout : ça fonctionne.
Une version québécoise du NETS pourrait très bien voir le jour. On pourrait imaginer des équipes formées de PR3, supervisées par des paramédics d’expérience, activées directement par le 811, les CLSC ou même par les paramédics sur le terrain via une application de répartition directe. Ce serait simple, rapide et efficace.
Changer notre manière de mesurer
Actuellement, les contrats d’ambulance au Québec sont structurés autour d’un indicateur unique : les heures d’ambulance disponibles dans une région. On calcule la couverture en nombre de véhicules, sans tenir compte de l’expertise humaine qui se trouve à bord.
Et si on changeait d’unité de mesure?
Et si, plutôt que de compter les heures de véhicule, on comptait les heures de service paramédical? Peu importe que le paramédic soit dans une ambulance, dans un véhicule soins avancés, paramédicine communautaire, en clinique ou sur le terrain. L’important, c’est qu’il soit disponible pour intervenir et exercer son jugement clinique.
Ce changement de perspective permettrait d’optimiser l’utilisation de notre main-d’œuvre spécialisée, tout en réservant les ambulances aux cas qui en ont vraiment besoin.
Ce n’est pas une révolution. C’est juste logique.
Dans un réseau qui déborde, où les urgences sont saturées et où les délais s’allongent, il devient impératif de faire mieux avec ce qu’on a. Et surtout, de ne pas gaspiller le savoir-faire de celles et ceux qui sont formés pour du travail clinique.
Offrons aux patients un transport adapté à leur condition réelle.
Permettons aux paramédics d’utiliser pleinement leurs compétences, sans les enfermer dans un moule rigide (boite jaune).
Et construisons un système préhospitalier québécois plus souple, plus intelligent, et plus humain — qui reconnaît que notre ressource la plus précieuse, ce n’est pas la civière.
C’est le paramédic.
Stretchers at All Costs?
Every day in Quebec, experienced paramedics spend hours transporting stable patients to the emergency department by stretcher. Not because those patients are in distress — but simply because the system doesn’t allow for any other option.
Our current model is still based on an outdated mindset: if someone needs to go to the hospital, they must go lying down, in an ambulance, accompanied by two paramedics. It doesn’t matter if they can walk, sit up, or show no signs of instability.
The result? Paramedic teams are tied up responding to minor cases, while other patients — those who are truly unstable — are left waiting for an available ambulance.
It’s time to break free from this logic.
An Idea from London
In London, the ambulance service implemented a simple solution: the Non-Emergency Transport Service (NETS). This program uses adapted vehicles — with or without stretchers — to transport stable patients in a seated position to hospitals or clinics. Traditional ambulances are reserved for true emergencies.
This model eases pressure on the system, improves access to care, and allows paramedics to focus on calls where their expertise makes a real difference. And more importantly — it works.
A Quebec version of NETS could absolutely become a reality. Imagine teams made up of PR3s, supervised by experienced paramedics, activated directly by 811, local CLSCs, or even by paramedics on scene through a dedicated dispatch app. It would be simple, fast, and effective.
Rethinking How We Measure
Right now, ambulance contracts in Quebec are built around a single metric: the number of ambulance hours available in a given region. Coverage is calculated based on the number of vehicles — not on the clinical expertise inside them.
What if we changed the unit of measurement?
What if, instead of counting ambulance hours, we measured paramedic service hours — regardless of whether the paramedic is working in a standard ambulance, an advanced care unit, community paramedicine, a clinic, or in the field? The point is that they’re available to respond and apply their clinical judgment.
This shift in thinking would allow us to make better use of our highly trained workforce while reserving ambulances for the calls that truly require them.
This Isn’t a Revolution — It’s Just Common Sense
In a system that’s overflowing, where ERs are saturated and delays are growing, we need to make better use of what we have. And above all, we must stop wasting the clinical skills of those who are trained to provide care.
Let’s give patients transportation that actually fits their condition.
Let’s allow paramedics to fully use their skills — instead of locking them into a rigid (yellow box) mold.
And let’s build a Quebec prehospital care system that’s smarter, more flexible, and more human — one that recognizes that our most valuable resource isn’t the stretcher.
It’s the paramedic.