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Entretien : Robert Bonspiel

Entretien : Robert Bonspiel

Les paramédics autochtones dans le système préhospitalier d'durgence du Québec

(English version follows the french)

(15-07-2024)

Le 8 juillet, le ministre de la Santé Dubé a annoncé sur X : « 351 nouveaux techniciens ambulanciers paramédicaux. Grâce au travail des équipes préhospitalières, nous renforçons notre capacité d’offrir des soins rapides et efficaces. Merci à tous les formateurs et maîtres de stage pour leur soutien. Bravo aux candidats ! »

351 nouveaux paramédics. 0 nouveau paramédic pour la population autochtone.

Alors qu'une grande partie de la géographie du Québec est directement administrée par des communautés autochtones (ou que ces mêmes communautés ont un intérêt significatif dans ces terres), pourquoi si peu de communautés autochtones ont-elles leurs propres paramédics ou une ambulance pour améliorer l'accès au système de soins préhospitaliers d'urgence (SPU) ?

J'ai contacté Robert Bonspiel, le président de Paramédics des Premières Nations, pour discuter.

Newman—

Pourquoi n'avons-nous pas plus (ou aucun) de paramédics autochtones dans la nouvelle cohorte ?

Bonspiel—

Le principal problème est la visibilité. Les soins préhospitaliers d'urgence (SPU) ne sont pas proéminents ou accessibles aux jeunes autochtones. Le Québec abrite 11 nations autochtones distinctes, comprenant 55 communautés. Parmi celles-ci, quelques-unes sont desservies par des services de SPU non autochtones provenant des régions voisines. Seules deux communautés autochtones gèrent leurs services de manière indépendante, bien que non sous contrat avec le Québec. De plus, une communauté a une ambulance dédiée provenant d'une communauté voisine non autochtone, et une seule communauté exploite son service indigène détenu et géré. Ce manque de visibilité et d'accessibilité limite l'intérêt et les opportunités pour les jeunes autochtones de poursuivre des carrières dans les SPU.

En outre, la plupart des programmes de formation pour les paramédics se trouvent dans le « sud », spécifiquement à Montréal ou à Québec. Les individus autochtones qui aspirent à devenir paramédics rencontrent des défis importants pour s'adapter à un programme éducatif de trois ans loin de leurs communautés. Cette distance de tout ce qu'ils ont toujours connu entraîne souvent une série de problèmes, l'un des plus fréquents étant la difficulté de retourner chez eux après avoir terminé leurs études. Cette séparation et les problèmes associés découragent davantage les jeunes autochtones de poursuivre cette carrière.

Newman—

Quelles sont les implications pour les communautés autochtones ?

Bonspiel—

Les implications sont profondes et multiformes. À un niveau de base, l'absence ou l'accès inadéquat aux services médicaux d'urgence entraîne des taux de mortalité et de morbidité plus élevés. Dans de nombreux cas, les gens dans ces communautés tombent malades ou meurent alors qu'une intervention médicale rapide aurait pu prévenir ces résultats. En revanche, les communautés non autochtones disposent souvent des ressources nécessaires pour réduire de tels risques de manière significative. La disparité met en évidence une iniquité critique dans l'accès aux soins de santé qui impacte directement le bien-être et la survie des peuples autochtones.

Newman—

Que devrait-on faire ?

Bonspiel—

Le rapport du Comité national de transformation du système préhospitalier d'urgence (CNTSPU), dans ses 142 appels à l'action, souligne dans le numéro 77 la nécessité de fournir des services de transport médical d'urgence, que ce soit par voie terrestre ou aérienne, aussi rapidement et de manière cohérente que possible dans toutes les communautés. Cela doit être fait en coopération avec les autorités autochtones, quelles que soient les contraintes.

Cependant, le problème est plus profond. De nombreux jeunes autochtones souhaitent rester dans leurs communautés et contribuer à leur croissance, mais ils manquent d'opportunités d'emploi. Établir des services de SPU au sein de ces communautés offrirait à ces jeunes une voie de carrière significative, leur permettant de fournir des soins de santé vitaux à leurs proches.

Pour atténuer les problèmes de main-d'œuvre, nous devrions changer l'approche de la formation des SPU. La transition vers une Attestation d'études collégiales (AEC) ou un programme accélérer de Diplôme d'études collégiales (DEC) et le rendre disponible près des communautés dans le besoin améliorerait grandement l'accessibilité. Le paramédic autochtone est un atout rare dans la main-d'œuvre, mais cela peut changer en abordant l'accessibilité et en offrant des programmes de formation localisés et accélérés.

Cela, à son tour, favorise la croissance économique alors que ces employés dépensent leurs gains localement, soutenant d'autres entreprises et créant d'autres opportunités d'emploi. De plus, cela pourrait inspirer d'autres poursuites éducatives et professionnelles dans des domaines connexes de la santé tels que les soins infirmiers ou la médecine, renforçant encore les services de santé communautaires.

Newman—

Qu'est-ce qui a été promis ?

Bonspiel—

C'est la question critique. Les réponses ont été mitigées et souvent contradictoires. Lorsque la question est soulevée, les représentants du gouvernement prétendent travailler sur des solutions. Cependant, ils soutiennent simultanément qu'il n'est pas financièrement faisable de doter une ambulance dans des zones peu peuplées.

Le gouvernement tend à baser ses décisions sur les chiffres de population plutôt que de considérer la densité de population, les activités à haut risque (comme l'exploitation forestière et la chasse) ou l'accès inadéquat à des services essentiels comme l'eau potable et les soins médicaux. Des problèmes tels que le diabète, l'hypertension et l'obésité sont répandus dans les communautés autochtones et exacerbent le besoin de services de SPU. Malheureusement, il semble qu'une valeur ait été attribuée à la vie humaine qui ne favorise pas les membres des communautés autochtones, les laissant mal desservis et marginalisés.

Newman—

Comment en sommes-nous arrivés à ce point où les communautés autochtones ne sont pas prises en charge par des paramédics autochtones ?

Bonspiel—

Une évaluation contemporaine est essentiellement la seule que nous puissions faire. Historiquement, la sécurité publique, y compris la santé, a été négligée depuis le début des interactions autochtones/non autochtones. Par conséquent, l'inclusion ou l'absence d'acteurs autochtones en tant que soignants dans leurs propres communautés est presque inexistante. De nos jours, il y a peu de paramédics autochtones car le système les considère comme non essentiels.
Pour préciser, ce n'est pas que les paramédics autochtones ne sont pas essentiels. Tout au contraire.

Cependant, lorsque les institutions qui supervisent la formation des paramédics ignorent les populations autochtones sous prétexte qu'il n'y a pas d'organisations autochtones pour les employer, nous voyons un schéma troublant. Les grandes zones urbaines comme Montréal, et en fait la plupart des grandes villes du Canada, ont des populations autochtones importantes qui bénéficieraient de paramédics qui ajoutent à la diversité du tissu social en tant que peuples autochtones.

Newman—

La restructuration du programme éducatif ferait-elle une si grande différence ?

Bonspiel—

Si nous continuons à faire les mêmes choses, nous continuerons à obtenir les mêmes résultats. Donc oui, la restructuration du programme éducatif pourrait faire une différence significative. Si nous adaptons le système pour tenir compte des différences sociales, nous pouvons augmenter considérablement le nombre de paramédics autochtones, une démographie actuellement négligée. Ces paramédics auraient un intérêt personnel à rester dans des zones où le système de santé a historiquement eu du mal à recruter.

Newman—

Est-ce une question d'accessibilité ?

Bonspiel—

Oui, mais pas exclusivement. Il y a des problèmes intrinsèques. La plupart des autochtones intéressés à devenir paramédics se qualifieraient probablement pour l'admission à un CEGEP régional. Cependant, ils devraient vivre près de l'école pendant toute la durée de la formation, ce qui est souvent un défi considérable. De nombreux autochtones ont une interaction limitée avec les communautés en dehors de la leur. Bien qu'ils puissent parler anglais et/ou français, ils sont souvent plus à l'aise dans leurs langues maternelles.

Cela crée un stress excessif pour l'étudiant, sa famille et sa communauté. De plus, il y a le problème des étudiants qui ne retournent pas dans leurs communautés après avoir terminé leurs études. Ce phénomène est courant parmi les jeunes des communautés non autochtones qui se déplacent vers les grands centres pour étudier, et les jeunes autochtones ne font pas exception. Ils deviennent souvent désorientés dans une ville inconnue et peuvent abandonner ou s'impliquer dans des activités dangereuses pour faire face à leur sentiment de déracinement.

Newman—

Kahnawake et Akwesasne ont choisi de suivre leur propre chemin. Ils fonctionnent comme des zones de SPU autonomes avec des paramédics qui ne sont pas certifiés dans le cadre du programme du Québec, mais chaque service est régulièrement appelé à répondre à des appels en dehors de leurs communautés, jouant effectivement le rôle de paramédics du Québec. Cela signifie-t-il que les règles sont une barrière artificielle qui peut être assouplie en cas de nécessité ?

Bonspiel—

Les règles sont appliquées lorsqu'elles conviennent aux pouvoirs en place. Nos communautés sœurs ont pris un produit, l'ont assaisonné avec leurs spécifications nécessaires pour leurs communautés respectives et en ont fait le leur. Notre service, First Nations Paramedics (FNP), est né en partie de leurs services. FNP a abordé la question de manière similaire en 1985 lorsque notre service a commencé.

Nous avions des paramédics formés aux États-Unis comme le pionnier Barry Tottle, qui est venu et a aidé notre service à se mettre en place. En attendant, nous avons envoyé d'autres à Akwesasne pour être formés et d'autres encore, comme moi-même, qui ont suivi le programme de Kahnawake. Nous nous sommes réunis et, en utilisant une faille alors disponible dans le système québécois, avons défié les examens de certification.

Newman—

À quoi ressemblerait un programme éducatif réaliste – pragmatique – pour les paramédics autochtones ?

Bonspiel—

Une approche pragmatique pour les paramédics autochtones serait inclusive. Elle correspondrait aux spécificités du programme non autochtone, garantissant les mêmes dispositions et responsabilités.

Le programme autochtone adhérerait aux principes du Projet de loi n° 32 LOI INSTAURANT L’APPROCHE DE SÉCURISATION CULTURELLE AU SEIN DU RÉSEAU DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX, en tenant compte des valeurs et des réalités culturelles des peuples autochtones, en promouvant des partenariats avec les communautés autochtones et en favorisant une communication efficace avec elles.

Il serait accueillant et inclusif, adaptant les services de santé et sociaux autant que possible en employant du personnel autochtone, en fournissant des ressources de soutien, en mandatant une formation culturelle et historique pour tous les employés et en abordant les réalités uniques des femmes et des filles autochtones.

Cependant, cette loi manque actuellement de dispositions contraignantes. Ma vision verrait le DEC ajusté pour se concentrer uniquement sur les matières principales et être dispensé dans la région communautaire.

Newman—

Inclurait-il un apprentissage sur le terrain ?

Bonspiel—

Oui, il devrait. L'approche devrait refléter le Programme national d'intégration clinique (PNIC) du système non autochtone avec quelques exceptions. Les apprentissages sur le terrain sont inestimables pour apprendre certains aspects du métier, car ils offrent une expérience pratique et une vision que la formation en classe ne peut pas reproduire.

Newman—

Ce modèle ne fonctionnerait-il pas pour de nombreuses communautés rurales, qu'elles soient autochtones ou non autochtones ? Pourquoi n'investissons-nous pas dans ce modèle ? Est-ce une question d'argent ?

Bonspiel—

Il existe des moyens de justifier la dépense. Dans notre communauté, des questions similaires ont été soulevées lorsque nous avons argumenté pour justifier pourquoi notre organisation devrait être transformée en un service horaire. Notre approche et notre vision, cependant, étaient moins restrictives.

Nous nous voyions comme renforçant l'ensemble du service de SPU de la deuxième zone de service volumétrique la plus importante du Québec. Nous envisagions de servir et d'assister les communautés voisines, aidant tout le monde.
Notamment, notre organisation a augmenté notre volume d'appels et notre assistance aux communautés voisines de 31 % au cours des six derniers mois et de plus de 200 % depuis que nous avons commencé il y a moins de deux ans.

Ce faisant, nous avons allégé une partie de la pression qui affecte le système de SPU dans la région des Laurentides inférieures.

Alors, ma question est la suivante : pourquoi les succès de l'implication autochtone inclusive dans les SPU ne sont-ils pas pris en compte pour franchiser l'idée à travers les zones touchées de la province ?

Interview : Robert Bonspiel

Indigenous paramedics in Québec's emergency prehospital care system

On July 8th, Health Minister Dubé announced via X: “351 new paramedic ambulance technicians. Thanks to the work of pre-hospital teams, we are strengthening our ability to provide quick and effective care. Thank you to all the trainers and internship supervisors for their support. Congratulations to the candidates!”

351 new paramedics. 0 new paramedics for the indigenous population.

While an enormous swath of the geography of Quebec is either directly administered by indigenous communities (or those same communities have a significant stake on those lands), why do so few indigenous communities have their own paramedics or an ambulance to improve access to the emergency prehospital care system?

I reached out to Robert Bonspiel, the President of First Nation Paramedics, to have a conversation. 

Newman— 

Why don't we have more (any) Indigenous paramedics in the new cohort? 

Bonspiel– 

The primary issue is visibility. Emergency Medical Services (EMS) are not prominent or accessible to Indigenous youth. Quebec is home to 11 distinct Indigenous nations, comprising 55 communities. Of these, a few are served by non-native EMS services from neighboring areas. Only two Indigenous communities run their services independently, though not under Quebec's service contract. Additionally, one community has a dedicated ambulance from a non-native neighboring community, and just one community operates its Indigenous-owned and managed service. This lack of visibility and accessibility limits the interest and opportunities for Indigenous youth to pursue careers in EMS. 

Moreover, most paramedic training programs are located in the "south," specifically in Montreal or Quebec City. Indigenous individuals who aspire to become paramedics face significant challenges in adapting to a three-year educational program far from their communities. This distance from everything and everyone they have ever known often leads to a host of issues, with one of the most prevalent being the difficulty of returning home upon completion of their studies. This separation and the associated problems further discourage Indigenous youth from pursuing this career path. 

Newman— 

What are the implications for Native communities?

 Bonspiel— 

The implications are profound and multifaceted. At a basic level, the absence or inadequate access to emergency medical services results in higher mortality and morbidity rates. In many cases, people in these communities fall ill or die when timely medical intervention could have prevented these outcomes. In contrast, non-Indigenous communities often have the resources to reduce such risks significantly. The disparity highlights a critical inequity in healthcare access that directly impacts the well-being and survival of Indigenous people. 

Newman— 

What should be done? 

Bonspiel— 

The Comité national de transformation du système préhospitalier d'urgence (CNTSPU) report, in its 142 calls to action, emphasizes in number 77 the need to provide emergency medical transportation services, whether by land or air, as promptly and consistently as possible in all communities. This must be done in cooperation with Indigenous authorities, regardless of constraints.

However, the problem runs deeper. Many young Indigenous individuals desire to remain in their communities and contribute to their growth, but they lack employment opportunities. Establishing EMS services within these communities would offer these youth a meaningful career path, allowing them to provide vital healthcare to their loved ones. 

To alleviate manpower issues, we should change the approach to EMS training delivery. Transitioning to an Attestation of Collegial Studies (AEC) or accelerated Diploma of College Studies (DEC) program and making it available near the communities in need would greatly improve accessibility. The Indigenous paramedic is a rare asset in the workforce, but this can be changed by addressing accessibility and providing localized, accelerated training programs. 

This, in turn, fosters economic growth as these employees spend their earnings locally, supporting other businesses and creating further employment opportunities. Additionally, it could inspire further educational and professional pursuits in related healthcare fields such as nursing or medicine, further enhancing community health services. 

Newman— 

What has been promised? 

Bonspiel— 

This is the critical question. Responses have been mixed and often contradictory. When the issue is raised, government representatives claim to be working on solutions. However, they simultaneously argue that it is not financially feasible to staff an ambulance in sparsely populated areas. The government tends to base their decisions on population numbers rather than considering population density, high-risk activities (like logging and hunting), or inadequate access to essential services like clean water and medical care. Issues like diabetes, hypertension, and obesity are prevalent in Indigenous communities and exacerbate the need for EMS services. Unfortunately, it seems that a value has been placed on human life that does not favor the members of Indigenous communities, leaving them underserved and marginalized. 

Newman— 

How did we arrive at this place and time where Indigenous communities aren't being cared for by Indigenous paramedics? 

Bonspiel— 

A contemporary evaluation is essentially the only one we can make. Historically, public security, including health, has been overlooked since the beginning of Indigenous/non-native interactions. Consequently, the inclusion or lack thereof of Indigenous actors as caregivers in their own communities is almost non-existent. In modern times, there are few Indigenous paramedics because the system sees them as non-essential. 

To elaborate, it’s not that Indigenous paramedics are non-essential. Quite the contrary.

However, when institutions that oversee the training of paramedics dismiss Indigenous populations on the premise that there are no Indigenous organizations to employ them, we see a troubling pattern. Large urban areas like Montreal, and indeed most major cities in Canada, have significant Indigenous populations who would benefit from paramedics who add to the diversity of the social fabric as Indigenous peoples. 

Newman— 

Would re-structuring the educational package make that much of a difference?

 Bonspiel— 

If we continue doing the same things, we will continue achieving the same results. So yes, restructuring the educational package could make a significant difference. If we adapt the system to consider social differences, we can drastically increase the number of Indigenous paramedics—a demographic currently overlooked. These paramedics would have a vested interest in staying in areas where the health system has historically struggled to recruit. 

Newman— 

Is it a question of accessibility?

Bonspiel— 

Yes, but not exclusively. There are intrinsic issues. Most Indigenous individuals interested in becoming paramedics would likely qualify for admission to a regional CEGEP. However, they would need to live near the school for the duration of the training, which is often a significant challenge. Many Indigenous people have limited interaction with communities outside their own. While they may speak English and/or French, they are often more comfortable in their native languages.

This creates undue stress for the student, their family, and their community. Additionally, there is the issue of students not returning to their communities after completing their education. This phenomenon is common among youth from non-native communities who move to major centers for studies, and Indigenous youth are no exception. They often become disoriented in an unfamiliar city and may drop out or become involved in dangerous activities to cope with their sense of displacement. 

Newman— 

Kahnawake and Akwesasne have opted to go their own way. They operate as autonomous EMS zones with paramedics who are not certified as part of the Quebec program, yet each service is routinely called upon to respond to calls outside their communities, effectively playing the role of Quebec paramedics. Does this mean the rules are an artificial barrier that can be flexed in cases of necessity?

Bonspiel— 

The rules are applied when they suit the powers that be. Our sister communities have taken a product, seasoned it with their specifications needed for their respective communities, and made it theirs. Our service, First Nations Paramedics (FNP), was born partly out of both of their services. FNP approached the issue similarly in 1985 when our service began. We had American-trained paramedics like pioneer Barry Tottle, who came in and helped our service set up. In the meantime, we sent others to Akwesasne to be trained and still others, like myself, who went through the Kahnawake program. We came together and, using a then-available loophole in the Quebec system, challenged the certification exams.

Newman— 

What would a realistic --pragmatic– Indigenous paramedic education program look like?

Bonspiel—

A pragmatic approach to Indigenous paramedics would be inclusive. It would match the program specifics of the non-native program, ensuring the same provisions and responsibilities. The Indigenous program would adhere to the principles of Projet de loi no 32 LOI INSTAURANT L’APPROCHE DE SÉCURISATION CULTURELLE AU SEIN DU RÉSEAU DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX, considering the values and cultural realities of Indigenous peoples, promoting partnerships with Indigenous communities, and fostering effective communication with them.

It would be welcoming and inclusive, adapting health and social services where possible by employing Indigenous personnel, providing support resources, mandating cultural and historical training for all employees, and addressing the unique realities of Indigenous women and girls. 

However, this law currently lacks enforceable provisions. My vision would see the DEC adjusted to focus only on core subjects and delivered in the community area.

Newman— 

Would it include an on-the-job apprenticeship?

Bonspiel— 

Yes, it should. The approach should mirror the non-native system's Programme national d'intégration clinique (PNIC) with some exceptions. On-the-job apprenticeships are invaluable for learning certain aspects of the job, as they provide practical experience and insight that classroom training cannot replicate.

Newman— 

Wouldn't this model work for many rural communities, whether they are indigenous or non-native? Why aren't we investing in this model? Is it a question of money?

Bonspiel— 

There are ways to justify the expenditure. In our community, similar issues were raised when we argued to justify why our organization should be transformed to an hourly service. Our approach and vision, however, were less restrictive.

We saw ourselves as strengthening the entire EMS service of the second most important volumetric service area in Quebec. We envisioned serving and assisting neighboring communities, helping everyone.

Notably, our organization has increased our call volume and assistance to neighboring communities by 31% in the past six months and by over 200% since we began less than two years ago. In doing so, we have alleviated some of the pressure that affects the EMS system in the Lower Laurentian area. 

So, my question is: Why are the successes of inclusive Indigenous involvement in EMS not being weighed to franchise the idea across affected areas in the province?