Les données de première réponse soulèvent des questions....
(23-11-2023)
Je suis un grand soutien des services de premiers répondants.
J'aimerais voir un modèle de PR très différent de celui actuellement déployé partout au Québec. Cependant, même avec les limites actuelles des PR au Québec, je crois toujours que c'est une excellente idée d'envoyer du personnel qualifié sur les lieux des urgences - et des non-urgences - en temps opportun, avec ou sans ambulance.
Dans le modèle actuel des PR au Québec, il existe quatre niveaux de service :
PR-0 (ou PR-DEA) : Formation : 12 heures. Interventions : arrêt cardio-respiratoire (ACR)
PR-1 Formation : 16 heures. Interventions : ACR, Anaphylaxie, surdoses d'opioïdes
PR-2 Formation : 32 heures. Interventions : ACR, Anaphylaxie, surdoses d'opioïdes, traumatologie
PR-3 Formation : 60 heures. Interventions : ACR, Anaphylaxie, surdoses d'opioïdes, traumatologie, urgences médicales, administration de glucagon et d’oxygène en fonction d’une saturométrie
Les appels auxquels ils répondent sont soit : Priorité 0 : Haut risque d’arrêt cardio-respiratoire ; ou Priorité 1 : Risque immédiat de mortalité
À Montréal et à Côte Saint-Luc, les PR sont les PR-3. À Laval, ils sont PR-1 et ont des critères beaucoup plus restreints pour répondre aux appels.
Les affectations des premiers répondants à Côte-Saint-Luc, dans le reste de Montréal et à Laval, sont contrôlées par le centre de communication d'Urgences-santé.
J’étais curieux au sujet des appels auxquels les premiers répondants (PR) n’étaient pas affectés.
J'essaie de comprendre ne pas envoyer de PR à un appel de priorité 0, qui, par sa définition même, est une urgence potentiellement mortelle.
Selon Urgences-santé, les interventions sans PR s'expliquent pour les raisons suivantes :
1. Le déterminant de l’appel ne fait pas partie des déterminants du plan de réponse des PR. Chacun des trois services PR (Service Incendie de Laval--SIL, CSL EMS et Service Incendie de Montréal--SIM) à son propre plan de réponse. Par exemple, celui du SIL est beaucoup plus restreint que les autres.
2. Pour certains déterminants, les PR ne sont pas envoyés si une ambulance peut arriver dans un délai judiciaire. Les détails varient d’un service PR à l’autre. Selon des données récentes, à Montréal, les véhicules d'Urgences-santé arrivent en moins de 7 minutes et 59 secondes, soit moins de 28 % du temps pour les appels de priorité 0 ou de priorité 1. Les mêmes données indiquent que les véhicules SIM arrivent en moins de 7 minutes et 59 secondes 71 % du temps pour les appels de priorité 0 ou de priorité 1.
3. Les PR n’étaient pas disponibles. C'est intéressant car si l'on prend la SIM, leurs PR sont disponibles pour les appels 96% du temps.
4. L’adresse de l’incident fait partie d’une liste d’établissements où les PR ne sont pas envoyés à la demande de l’établissement. Par exemple, une maison de soins palliatifs. Je sais, grâce à mon expérience avec CSL EMS, que cela se produit régulièrement dans cette zone d'intervention.
Pour la période du 1er janvier au 30 septembre 2023, à Montréal, à l’exclusion de Côte-Saint-Luc, il y a eu 11 024 incidents de priorité 0 avec interventions. Dans 10 % de ces incidents, les PR SIM n’ont pas été assignés.
Pour la même période, à Montréal, à l’exclusion de Côte-Saint-Luc, il y a eu 56 019 incidents de priorité 1 avec interventions. Dans 32 % de ces incidents, les PR SIM n’ont pas été assignés.
Pour la même période, à Côte-Saint-Luc, il y a eu 159 appels de priorité 0 avec intervention. Dans 6 % de ces incidents, les PR des services médicaux d’urgence de CSL n’ont pas été assignés.
Pour la même période, à Côte-Saint-Luc, il y a eu 1 183 appels de priorité 1 avec intervention. Dans 8 % de ces incidents, les PR des services médicaux d’urgence de CSL n’ont pas été assignés.
Pour la même période, à Laval, il y a eu 1 430 appels de priorité 0 avec intervention. Dans 59 % de ces incidents, les PR du SIL n’ont pas été assignés.
Comment est-il possible que les PR de Laval ne soient pas affectés à 59 % des appels de priorité 0 dans cette ville, où les délais d'intervention des ambulances sont régis, en partie, par les énormes distances qui font partie de la zone d'intervention.
L’idée même de demander aux PR de répondre aux appels de priorité 0 est d’essayer d’étendre le continuum de soins à quelques minutes seulement après l’appel initial au 9-1-1. L'idée est de minimiser le temps nécessaire pour commencer la RCR, sécuriser les voies respiratoires d'un patient, appliquer un défibrillateur externe automatisé, car pour chaque minute où une personne est en arrêt cardio-respiratoire sans intervention, sa probabilité de survie diminue de 10 pour cent.
Pour la même période, à Laval, il y a eu 10 807 appels de priorité 1 avec intervention. Dans 97 % de ces incidents, les PR du SIL n’ont pas été assignés.
C’est là que ça devient intéressant, mes amis.
Selon le rapport annuel SIM, les PR du service ont répondu à 71 663 appels en 2022. Or, selon les données fournies par Urgences-santé, les PR du SIM ont été affectés à 62 042 appels au cours de cette même période.
Il s’agissait de la deuxième série de statistiques d’appels qu’Urgences-santé m’a envoyée en réponse aux mêmes questions. Et il y avait des divergences entre les deux ensembles de données.
« À quel point y avait-il une divergence ? » pourriez-vous demander. Pour les données concernant Montréal, à l’exclusion de Côte-Saint-Luc, il y avait une différence de 4 135 incidents avec intervention entre le premier et le deuxième ensemble de données reçus. Une différence non négligeable.
J’ai demandé à Urgences-santé comment le nombre d’appels de priorité 0 était calculé.
« Notamment, nous ne considérons pas qu’un appel est une priorité 0 sauf si le premier ET le dernier déterminant de l’appel sont de priorité 0, sinon la priorité inférieure sera normalement utilisée. Donc un appel qui aurait débuté en priorité 0 et qui aurait été reclassé en priorité 1 serait compté dans nos chiffres comme une priorité 1. »
J’avais demandé à Urgences-santé quelle était la durée moyenne de réponse de leurs ambulances pour les appels de priorité 0 et 1 lorsque les PI n’étaient pas assignés à l’appel. Selon Urgences-santé, le temps moyen de réponse de leurs véhicules pour les appels de priorité 0 dans les trois territoires combinés était de 8,72 minutes et pour les appels de priorité 1, il était de 10,52 minutes.
C’est intéressant, car selon le Rapport annuel de Gestion d’Urgences-santé pour 2022-2023, « Un temps de réponse systémique* de 7 minutes aux appels de priorité 0 pour le présent exercice. Lors d’urgences vitales, la population montréalaise et lavalloise peut ainsi compter sur l’arrivée rapide des intervenants de la chaîne d’intervention préhospitalière, sous la coordination d’Urgences-santé, comme prévu par la Loi sur les services préhospitaliers d’urgence. »
Oui. Un autre astérisque.
*Moyenne des délais entre la réponse aux appels de priorité 0 par le centre de communication santé et l’arrivée sur les lieux de l’incident de la première ressource préhospitalière (paramédics ou premiers répondants).
Si, bien sûr, les PRs sont affectés à l’appel.
Personnellement, j’aimerais voir le détail des temps moyens de réponse pour les appels de priorité 0 et 1 par arrondissement, et ensuite j’aimerais voir les données du 90e percentile pour ces temps de réponse. Cela serait significatif : de tous les appels auxquels on a répondu sans PR, voici le temps dans lequel 90 % ont été répondu, avec le ventilation par arrondissement.
Cependant, jusqu’à ce qu’il y ait une prise de conscience au sein du système de soins préhospitaliers d’urgence du Québec sur la question de savoir si les données générées par chaque CIUSSS, CISSS ou organisation reflètent ou non la réalité, je devrai continuer à travailler avec les données que je reçois.
Les données de première réponse soulèvent des questions sur… les données eux memes et le recours aux premiers répondants.
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