Le mystère de la nouvelle entente
Qu'ai-je appris ces derniers jours sur la nouvelle entente entre les entreprises ambulancières et le MSSS ?
Tout d’abord, j'ai appris que cette entente, dont l’implantation est attendue avec impatience, est curieusement gardée secrète par ceux qui ne l'ont pas encore signé.
Ensuite, j’ai eu connaissance de la réaction d'un propriétaire d'entreprise d'ambulances qui a osé partager sa compréhension du nouvel accord avec ses paramédics : il indique que la cohésion entre les entreprises ambulancières est au mieux fragile - et que la division y règnerait de façon encore plus profonde que chez les paramédics eux-mêmes.
Bien que le ministre de la Santé ait claironné la nouvelle, le 6 juillet, selon laquelle ladite entente avait été conclue et qu'elle « prévoirait des mesures de transparence, de performance et d'imputabilité des entreprises.
Cette entente vise à rendre le réseau de la santé et des services sociaux plus performants..." il n'y a, depuis cette annonce, aucune précision. Une des absences notables est la façon dont le ministre de la Santé définit la « performance ».
Faisait-il allusion à l'amélioration des soins aux patients ? Parlait-il d'amélioration des conditions de travail des paramédics ? Parlait-il d'investissements significatifs dans un système défaillant en manque de ressources ?
J'ai demandé confirmation d’une rumeur à Urgences-santé, soit que le nouveau contrat entre les compagnies d'ambulances privées et le MSSS exclut Urgences-santé et ses paramédics. « Je te confirme que ceci est bien le cas », fut leur réponse.
Donc, que sais-je de cet obscur nouvel accord? Pas beaucoup plus que ce que j’en savais le 8 juillet, et c'est très révélateur. Si le MSSS est si fier de ce contrat, pourquoi n'est-il pas partagé point par point ?
Lorsque le ministre de la Santé parle de transparence financière, veut-il dire que "l'utilisation des fonds publics" fera partie du tableau de bord du réseau de la santé afin que nous puissions tous voir où va notre argent dans le système de soins préhospitaliers d'urgence?
La nouvelle entente comprend-elle des sections axées sur la façon de conserver le précieux capital humain qu'est le personnel paramédical ?
Parce que sans la reconnaissance explicite que les conditions de travail des paramédics doivent s'améliorer considérablement, et immédiatement, l'hémorragie se poursuivra.
De plus en plus de paramédics continueront de quitter le métier (d’ailleurs, ceux et celles qui quittent avant la retraite le font sans même recevoir de simples remerciements pour leur service) et aucun "indicateur de performance" ne pourra masquer ce fait.
Ma crainte est que le nouvel accord ait été conçu pour extraire des données qui seront utilisées pour masquer une réalité qui dérange et qu’on s’évertue à nier du côté politique : le système préhospitalier a désespérément besoin de ressources supplémentaires.
En terminant, je crains qu'il n'ait été surtout conçu pour punir les sociétés d'ambulance en cas de sous-performance dans un système en panne (encore une fois sans aucune corrélation avec les soins aux patients).
Malheureusement, en incluant des obligations d’améliorations de performances (encore une fois conçue pour créer des "Key Performance Indicators - KPI" en apparences positifs et de jolis graphiques), nous savons très déjà très bien qui devra porter l’odieux de la chose, en plus du stress inhérent à un des métiers les plus difficiles qui soit.
Ce sera aux paramédics d’être plus ‘’performants’’, et à personne d’autre.
J’espère encore, bien que cet espoir soit mince, qu'on me prouvera que j'ai tort.
-HN
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