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Chronique invitée : Olivier Lafrenière

Chronique invitée : Olivier Lafrenière
Olivier Lafrenière (Courtoisie) 

Aujourd'hui, nous vous présentons une chronique invitée du paramédic Olivier Lafrenière.

J'ai eu le privilège de rencontrer Olivier à l'Expo-préhospitalier en mai. Notre conversation a été intense. Olivier s'exprimait comme si les mots sortaient tout droit de son âme. Il n'a pas perdu espoir pour notre profession. Cette chronique est une extension de cette conversation.

En l'honneur du courage d'Olivier à parler au nom des paramédics à la recherche d'un soutien en santé mentale, La Dernière Ambulance a fait un don de 250 $ à La Vigile. Nous mettons au défi d'autres parties prenantes de l'écosystème SPU d'égaler notre don.

- HN


L’injustice face à un travail sous respirateur

Olivier Lafrenière pour La Dernière Ambulance

Le 19 mars dernier, ma plume laissa couler son encre, matérialisant sur un texte dont le titre était : « En quête d’un improbable respect envers un métier qui se meurt. »

La journaliste Catherine Bouchard du Journal de Québec s’y intéressa, et un article paru le lendemain de ma publication sur ma page Facebook. Il en découla par la suite un podcast avec l’équipe de « Partner de boîte jaune », puis une entrevue avec Jean-François Guérin pour l’émission « Dossiers en cours » à LCN. Finalement, je fus nommé co-président d’honneur à l’Expo préhospitalier 2023 qui se tenait à Lévis en mai dernier.

Carte D’appel S2 008 En Quête d’un improbable respect envers un métier qui ce meurt
Olivier a vécu bcp en 20ans de métier. Son message et clair. Il et grand temps d’être solidaire entre nous

L’Expo préhospitalier m’a permis de me faire connaître d’avantage au sein du milieu. J’y ai prononcé un petit discours sur mon expérience à la maison de thérapie La Vigile. Sur scène, j’ai craqué. De vieilles émotions dont je croyais m’être libéré ont ressurgies de nulle part.

J’ai tout de même livré mon discours, mais pas avec la cohésion que j’espérais. Le pire moment, diriez-vous, pour perdre le contrôle ? Non, car une fois de plus j’ai exposé ma vulnérabilité, notre vulnérabilité à nous, paramédics.

Les mots qui viennent du cœur sont les messagers de nos pensées les plus authentiques. Bien que j’aie cru avoir échoué lors de mon allocution, les témoignages qui s’en suivirent m’ont prouvé que j’avais tort.

Mon texte avait pour but d’éveiller les instances politiques sur le manque de reconnaissance à notre égard, sur l’accès difficile pour certains à un PAE et à la maison de thérapie La Vigile ainsi que sur nos conditions de travail atroces.

Force est d’admettre que je n’ai ni éveillé, n’y même capté l’attention d’aucun politicien. J’ai alors envoyé mes revendications et mes craintes par rapport à notre métier par courrier à l’attention de plusieurs députés. À ce jour, je n’ai eu aucun retour.

Parallèlement, j’ai tenté une campagne audacieuse pour financer la Vigile, mais mon idée était trop intense pour la franchise commerciale que j’avais approchée. Un projet de vidéo de sensibilisation n’a également pas pu voir le jour dû à un manque d’implication.

Bref, à première vue, je semble cumule les échecs dans ma quête pour une réelle reconnaissance de notre profession. Je préfère toutefois me dire que j’ai trouvé plusieurs façons de ne pas véritablement capter l’attention jusqu’à maintenant. Par ailleurs, il semblerait qu’aussitôt que j’essaie d’impliquer d’autres paramédics dans mes idées, le tout s’effondre.

Pardonnez-moi collègues paramédics, mais il nous manque quelque chose d’essentiel à notre quête pour de meilleures conditions et pour une reconnaissance accrue de notre profession : la solidarité.

Je vais me lancer la première pierre. J’ai été abrasif à plusieurs reprises dans mes commentaires par le passé, car pour moi nous avons démontré à tous, en signant des conventions à rabais, notre piètre solidarité et notre faible estime de ce que l’on accomplit.

Sachant qu’une loupe dont les rayons du soleil sont concentrés en un point précis peut faire brûler du papier, il serait plus que temps de s’unir sous un seul syndicat, ou du moins s’allier syndicalement pour démontrer notre unité.

Respectons-nous. Respectons ce que nous faisons de mieux, soit notre métier de paramédic. Nous manquons d’audace depuis si longtemps qu’aujourd’hui les gens migrent vers d’autres professions, la nôtre n’ayant plus rien d’attrayant.

Notre division, notre manque de cohésion nous coulent et nous rendent invisibles. Au final, c’est notre moral qui en écope.

Ma quête est donc la suivante :

• Un accès au PAE (Programme d’aide aux employés) facile pour tous les paramédics;

• Accès facile à la maison de thérapie La Vigile;

• Que La Vigile n’ait plus besoin de dons pour survivre et que le gouvernement la subventionne (ce qui serait une forme de reconnaissance à notre égard car cette maison est essentielle);

• Que mon message sur l’ensemble des problèmes qui plombent notre profession soit enfin entendu par les instances qui ont le pouvoir de changer les choses.

À mes yeux, nous vivons une injustice flagrante en étant si peu estimés, en étant ignorés des politiciens et en devant subir de si mauvaises conditions. Jusqu’où pouvez-vous vraiment tolérer ce que nous vivons ?

Pensez à votre dernière semaine de travail sur le plan mental et physique, et regardez ce que l’on vous a octroyé comme paie et comme reconnaissance. Vous trouvez le tout acceptable ? Vraiment ?

Soyons fiers de qui nous somme. Nous sommes des professionnels indispensables et d’une valeur inestimable pour la société à laquelle on prodigue des soins avec tant de cœur.

Qui me suit dans ma folie ? Qui croit encore qu’il reste une lueur d’espoir ?

-Olivier Lafrenière