Mode de recrutement

Mode de recrutement

(22-04-2025)

English version follows the french.

« Je pense qu’on recrute bien parce qu’on vend un mythe. »
— Dr. Tony Walker, ancien PDG d’Ambulance Victoria (Australie)

C’est une phrase qui frappe. Et elle résume, en quelques mots, une profonde faille dans notre système préhospitalier québécois : on attire des gens brillants et passionnés vers une profession qu’ils quitteront souvent en l’espace de quelques années.

Les raisons sont nombreuses, mais au fond, tout commence par une illusion. On continue de recruter comme si le travail de paramédic consistait principalement à répondre à des urgences spectaculaires, sirènes hurlantes, dans un rôle de sauveur rapide et efficace. Ce n’est pas la réalité.

La vérité, c’est que le quotidien d’un paramédic en 2025, c’est de rencontrer la fragilité humaine sous toutes ses formes : solitude, santé mentale, douleur chronique, dépendances, déclin physique. C’est du travail clinique. Du travail relationnel. Du travail invisible.

Et pour beaucoup de recrues, la désillusion est rapide. Malgré une excellente formation, ils se retrouvent à se poser cette question difficile : « Est-ce vraiment pour ça que je me suis engagé(e)? »

Changer la vision de la carrière

Au Canada comme ailleurs, la durée moyenne d’une carrière en paramédecine est maintenant d’environ cinq ans. Ce chiffre ne devrait pas nous indifférer. Il devrait nous forcer à revoir de fond en comble nos approches de rétention.

Une des erreurs les plus fondamentales? Croire que les paramédics d’aujourd’hui veulent vivre la même carrière linéaire que ceux d’hier. La nouvelle génération aspire à plus de flexibilité, plus de contrôle, plus de diversité dans leur parcours professionnel. Et ils ont raison.

En Australie, au Pays de Galles et ailleurs, on a commencé à intégrer les paramédics dans des équipes de soins primaires. Ils peuvent faire des rotations en clinique, en recherche ou en enseignement, puis revenir sur la route. Résultat? On les garde. On valorise leur expertise. On leur offre un avenir au lieu d’un cul-de-sac.

Repenser le système de l’intérieur

Si les patients ont besoin de guides pour naviguer dans le système de santé, nos paramédics aussi. On doit bâtir un réseau de soutien pour leur permettre d’explorer d’autres volets de la profession, sans devoir tout quitter.

Car derrière les chiffres, il y a des humains. Trop souvent, dans la gestion de la pénurie, les directions finissent par voir les effectifs comme des ressources remplaçables. Et c’est là qu’on perd le lien. Qu’on épuise les plus engagés. Qu’on normalise l’absentéisme et le roulement.

Il est temps de construire des systèmes qui tiennent compte de la réalité humaine : horaires souples, postes hybrides, possibilités de croissance. Ce n’est pas une faveur qu’on leur fait. C’est un investissement dans la pérennité des soins.

Et ici, au Québec?

Nous avons tout ce qu’il faut pour devenir un chef de file dans ce virage. Des paramédics hautement compétents. Une population vieillissante qui nécessite une approche plus intégrée. Et un ministère de la Santé qui dit vouloir « des soins au bon endroit, au bon moment ».

Mais pour ça, il faut commencer par une vérité simple : si on veut garder nos paramédics, il faut leur offrir autre chose que de belles paroles et des promesses de convention collective reportées. Il faut leur proposer une vision.

Plus honnête. Plus humaine. Plus durable.


Recruitment Mode

I think we’re good at recruiting because we’re selling a myth.”
— Dr. Tony Walker, former CEO of Ambulance Victoria (Australia)

It’s a striking statement—and one that captures a major flaw in Quebec’s prehospital system: we attract bright, passionate people into a profession they often leave within just a few years.

There are many reasons for this, but at its core, it starts with an illusion. We keep recruiting as if the job of a paramedic is mainly about racing to high-stakes emergencies with sirens blaring, fulfilling the role of a fast, efficient lifesaver. That’s not the reality.

The truth is, in 2025, the day-to-day work of a paramedic is about encountering human vulnerability in all its forms: loneliness, mental health challenges, chronic pain, addiction, physical decline. It’s clinical work. Interpersonal work. Invisible work.

And for many new recruits, the disillusionment is swift. Despite excellent training, they soon find themselves asking the hard question: “Is this really what I signed up for?

Changing the Vision of the Career

In Canada and elsewhere, the average paramedic career now lasts about five years. That number shouldn’t be ignored. It should force us to rethink our entire approach to retention.

One of our biggest missteps? Believing today’s paramedics want the same linear careers as those who came before them. The new generation wants more flexibility, more control, more variety in their professional journey. And they’re right.

In places like Australia and in the UK, paramedics have been integrated into primary care teams. They can rotate through clinics, research roles, or teaching positions—and then return to the road. The result? They stay. Their expertise is valued. They’re offered a future instead of a dead end.

Rethinking the System from the Inside Out

Just as patients need guidance to navigate the healthcare system, paramedics do too. We need to build support networks which allow them to explore different facets of the profession without having to walk away entirely.

Because behind every statistic is a person. In managing shortages, leadership often starts treating staff as interchangeable resources. And that’s when we lose the connection. That’s when the most dedicated paramedics burn out. That’s when absenteeism and turnover become the norm.

It’s time to design systems that acknowledge human reality: flexible schedules, hybrid roles, real opportunities for growth. This isn’t a favour we’re doing for them— it’s an investment in the sustainability of care for all of us.

And Here in Quebec?

We have everything we need to become a leader in this shift. Highly skilled paramedics. An aging population demanding a more integrated approach. And a Minister of Health who says he wants “care in the right place, at the right time.

To get there, we need to start with a simple truth: if we want to retain our paramedics, we have to offer them more than nice words and delayed contract promises. We have to offer them a vision.

One that’s more honest.
More human.
And more sustainable.