Saint-Nicolas

Saint-Nicolas

(31-03-2025)

English version follows the French.

Le nombre d’ambulances disponibles dans une région donnée du Québec semble toujours être un sujet flou.

Combien en faut-il réellement ? Que se passe-t-il s’il manque une ou deux — voire trois ou quatre — ambulances à chaque quart de travail ? Est-ce que ça change vraiment quelque chose ?

Est-ce préoccupant que, selon l’Association des travailleurs du préhospitalier (FSSS-CSN), le gouvernement retire quatre ambulances par jour sur le territoire de la Capitale-Nationale ?

Prenons un exemple concret.

Saint-Nicolas est un secteur de l’arrondissement Les Chutes-de-la-Chaudière-Ouest, dans la ville de Lévis. Fondé en 1694, il s’agit de l’une des plus anciennes paroisses au Canada. En 2002, il a été fusionné à Lévis avec huit autres municipalités. Aujourd’hui, Saint-Nicolas compte environ 18 500 habitants.

À 4 h 18, le matin du 29 mars 2025, un appel a été logé au 9-1-1 à partir du secteur Saint-Nicolas. Les répartiteurs médicaux d’urgence ont immédiatement classé l’appel en priorité 0. Priorité 0 = risque élevé d’arrêt cardiorespiratoire. Selon la FSSS-CSN, le patient était un homme de 73 ans qui, effectivement, était en arrêt cardiorespiratoire. Une urgence critique parmi les plus critiques.

« Lorsqu’un arrêt cardiaque survient, chaque minute sans intervention diminue les chances de survie de 7 % à 10 %. Ainsi, l’accès à un défibrillateur externe automatisé (DEA) en quelques minutes pourrait augmenter annuellement près de 50 % le nombre de survivants au Québec. Les données démontrent qu’un DEA pourrait améliorer les chances de survie dans 80 % des cas d’arrêt cardiorespiratoire. »
— Gouvernement du Québec, Plan d’action gouvernemental du système préhospitalier d’urgence 2023-2028.

Selon l’application Québec-DEA, trois défibrillateurs externes automatisés sont recensés dans le secteur Saint-Nicolas. Malheureusement, aucun d’eux n’est accessible 24 heures sur 24 : deux sont situés dans des écoles, et un autre dans un parc (accessible de 5 h à 23 h). À 4 h 18, aucun de ces DEA n’était donc disponible.

La Ville de Lévis compte des pompiers premiers répondants. Le poste de pompiers le plus près de Saint-Nicolas est situé au 451, rue Jérôme-Demers. En plus de répondre aux appels pour incendies et sauvetages, ces équipes sont aussi chargées d’interventions médicales d’urgence.

Aucune ambulance n’était disponible pour répondre à l’appel du côté de Lévis. Un appel d’urgence a donc été lancé de l’autre côté du fleuve, à Québec. Y avait-il une équipe de paramédics disponible ? Une équipe venant tout juste de terminer un autre appel au CHUL a répondu. Elle est arrivée environ 10 minutes après l’appel initial au 9-1-1. Les premiers répondants sont arrivés deux minutes avant — ce qui signifie qu’environ 8 minutes se sont écoulées entre l’appel à l’aide et le début de l’intervention sur place.

Si vous relisez un des paragraphes précédents, cette phrase devrait vous rester en tête : « Lorsqu’un arrêt cardiaque survient, chaque minute sans intervention diminue les chances de survie de 7 % à 10 %. »

Voyez-vous, la question de savoir s’il y a un nombre suffisant de paramédics pour répondre aux urgences critiques dépend de la perspective — de l’endroit où l’on se trouve. Si l’on est assis à l’Assemblée nationale, tout cela semble bien théorique. « On ne peut pas avoir une ambulance à chaque coin de rue » est une réponse toute prête, parfaite pour les points de presse.

Mais quand on est debout, le téléphone à la main, que le répartiteur médical tente de vous guider pour faire un massage cardiaque à un proche, et qu’on compte les seconds pendant huit longues minutes terrifiantes avant l’arrivée des secours… il n’y a plus rien d’abstrait dans la crise qui touche le système préhospitalier d’urgence du Québec.

C’est bien réel.


Saint-Nicolas

The number of ambulances available in any given region of Québec always seems like such a fuzzy topic. How many do we really need? What happens if there are one or two – or maybe even three or four – less ambulances staffed for every shift? Does it really make a difference?

Does it matter that, according to the L'Association des travailleurs du préhospitalier (FSSS-CSN), the government retire 4 ambulances par jour sur le territore de la Capitale-Nationale?

Let's shift to a real-life example.

Saint-Nicolas is a district within Les Chutes-de-la-Chaudière-Ouest borough of the city of Lévis, Québec. Founded in 1694, Saint-Nicolas is one of the oldest parishes in Canada. In 2002, it was one of nine cities which merged with Lévis. The population of Saint-Nicolas is about 18,500.

At 04H18 on the morning of the 29 march 2025, there was a call to 9-1-1 from the Saint-Nicolas district. Emergency medical dispatchers immediately triaged the patient as a priority 0. Priority 0 = high risk of cardiorespiratory arrest. According to the FSSS-CSN, the patient was a 73-year-old man who, indeed, was in cardiorespiratory arrest. The most critical of emergencies.

"Lorsqu’un arrêt cardiaque survient, chaque minute sans intervention diminue les chances de survie de 7% à 10 %. Ainsi, l’accès à un défibrillateur externe automatisé (DEA) en quelques minutes pourrait augmenter annuellement près de 50 % le nombre de survivants au Québec. Les données démontrent qu’un DEA pourrait améliorer les chances de survie dans 80 % des cas d’arrêt cardiorespiratoire." - Gouv de Québec, PLAN D’ACTION GOUVERNEMENTAL DU SYSTÈME PRÉHOSPITALIER D’URGENCE 2023-2028.

According to the Quebec-DEA application, there are three automated external defibrillators located in the Saint-Nicolas area. Unfortunately, they are not available 24 hours a day - with two of those AEDs located in schools and the other in a park (accessible from 05h until 23h). At 4h18, none of three AEDs in the registry were accessible.

There are firefighter-first responders in the city of Lévis. The closest fire station for Saint-Nicolas is located at 451, rue Jérôme-Demers. Emergency medical response is one of their duties as is responding to fire and rescue calls.

There was no ambulance available to respond to the call on the Lévis side of the river. An urgent call was transmitted on the Québec side of the river. Were any paramedics available to respond to the call? A team who were just completing another call at the CHUL responded and arrived about 10 minutes after the initial call to 9-1-1 was received. The first responders arrived about 2 minutes before them – which meant there was, roughly, about 8 minutes between the call for help and the initiation of care at the scene.

If you re-read one of the preceding paragraphs, this particular line should stand out: "Lorsqu’un arrêt cardiaque survient, chaque minute sans intervention diminue les chances de survie de 7% à 10 %."

You see, whether or not there are adequate numbers of paramedics available to respond to critical emergencies depends on your perspective – on where you're sitting. If you're sitting in the National Assembly it all seems so esoteric. "We can't have an ambulance on every street corner" is the perfect response when questioned by the media.

But when you're standing with the phone in your hand and an emergency medical dispatcher is trying to coach you on how to perform CPR on a loved one and you're counting the seconds for eight lonely terrifying minutes until help arrives, there's nothing abstract about the crisis engulfing Québec's emergency prehospital care system.

It's very real.