Utiliser les bon mots
D'un membre de l'équipe de La Dernière Ambulance, cette chronique devrait être une lecture obligatoire pour tout journaliste.
La profession « d’ambulancier » n’est plus ce qu’elle était et elle ne consistera plus jamais à simplement transporter des patients tels de simples taxis. L’époque des salons funéraires qui transportaient les morts, et parfois les blessés, est bel et bien révolue. Le terme au gout du jour reflétant l’évolution de ce métier d’urgence est « paramédic ».
De nos jours, un étudiant qui désire exercer la profession doit suivre une formation collégiale de 3 ans dans le programme de Soins préhospitaliers d’urgence, incluant des centaines d’heures de stages qui se concluent par un examen national.
Une fois leur droit de pratique en main, les paramédics sont en mesure de gérer une panoplie d’interventions en passant par les urgences vitales de toutes sortes jusqu’aux nouveaux actes de pratique plus axée sur le communautaire. Ils sont entre autres habiletés à intervenir auprès de patients présentant des détresses respiratoires sévères, des crises cardiaques, des traumatismes de toutes sortes, des accouchements, des intoxications aux opiacés de même que des arrêts cardiorespiratoires.
Par ailleurs, l’application de tous les protocoles d’intervention doit être adaptée à toutes les clientèles (du nouveau-né à la gériatrie) qui recèlent chacune leurs particularités. Somme toute, ce qui est attendu de ces intervenants d’urgence, c’est d’être en mesure d’intervenir dans à peu près tous les domaines médicaux et traumatiques possibles, donc d’avoir des connaissances très larges et très précises à la fois quand vient le temps d’effectuer un accouchement par exemple.
Contrairement à une infirmière qui travaille sur une unité néonatale et qui est très spécialisée dans son domaine d’expertise, les paramédics se doivent d’être à l’aise quand vient le temps d’intervenir sur ce type d’appel, et ce, malgré le fait que ça ne survient que rarement dans le quotidien des paramédics.
Vous en conviendrez que toute cette expérience terrain mérite beaucoup plus de reconnaissance qu’on lui en octroie présentement. La population en générale manque énormément d’éducation quant à la nature réelle du métier de paramédic et l’une des avenues possibles pour pallier ce manque de connaissance passe par les journalistes.
En effet, lorsque des incidents particuliers ont lieu, les journalistes sont les premiers à véhiculer les nouvelles entourant ces évènements. Le plus souvent, ce qu’on peut lire ou entendre au sujet des autres métiers d’urgence comme les policiers et les pompiers, c’est qu’ils ont « sécuriser les lieux » ou encore qu’ils sont « parvenus à cesser le feu ».
Toutefois, le plus souvent, ce qu’on peut lire quant au travail des paramédics c’est qu’ils ont « transporté les blessés » ou encore « transférer les victimes ».
Ce genre de tournure de phrase réduit le travail des paramédics à de simples transporteurs qui ne posent aucune autre action digne de mention. Ces choix de mot apparaissent anodins pour n’importe quel auditoire qui écoute le téléjournal du soir. Toutefois, ces mots sont très décevants et choquants à lire pour un paramédic.
À la suite d’intervention d’envergure, il peut être révoltant de lire que tout ce qui a été fait par les « ambulanciers », c’est de conduire rapidement les patients à l’hôpital. Ils font bien plus que ça. Ils prodiguent des soins de qualité grâce à des connaissances médicales élaborées, ils informent et rassurent les patients ainsi que leurs proches quant à leur santé et ils tentent par tous les moyens de stabiliser leur état.
Sachant maintenant plus en détail en quoi consiste le quotidien des paramédics, il serait bien avisé de la part des journalistes de prendre en considération ces préoccupations.
Chaque fois que vient le temps d’aborder le métier de paramédic, les journalistes détiennent des opportunités uniques d’améliorer les connaissances et les croyances erronées de la population à propos du métier. Il serait donc primordial qu’ils les utilisent à bon escient par respect pour la profession, mais surtout pour tous ceux qui l’ont choisi par passion et dévouement pour leur prochain.
En définitive, il est évident que la méconnaissance du public quant à ce métier d’urgence s’explique en grande partie par la réalité de l’ambulance qui, auparavant, était tout autre. Ils n’avaient pas de formation particulière outre une capacité à gérer la vue du sang de même qu’un permis de conduire.
Aujourd’hui, ce qu’il est important de déceler, c’est que le terme « paramédic » revêt une signification beaucoup plus forte et distinctive des efforts et du professionnalisme de ceux qui arborent l’uniforme. Le titre désignant la fonction ayant lui-même changé, il est compréhensible qu’une mutation tout entière de la profession ait généré beaucoup d’incompréhension et d’idée inexactes.
Le temps est venu de remettre les pendules à l’heure et de changer les mentalités concernant la profession de paramédic. Ils méritent une couverture authentique quant au traitement journalistique qui leur est réservé ainsi qu’une couverture égalitaire par rapport au reste des métiers d’urgence.
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